Essai en vol du Max Holste MH-1521 Broussard


Atterrissage


C'est à l'atterrissage que le "Broussard" a certainement acquis sa déplorable réputation. Il est préparé pour très normalement : manette de mélange poussée à fond sur le plein riche, pression d'admission réduite à 85 Pz, vitesse de 80 nœuds (148 km/h). Il est possible d'adopter 75 nœuds, mais comme l'on risque plus à perdre de la vitesse que d'en gagner, 80 nœuds donnent une petite marge de sécurité. Quoi qu'il en soit, ces 80 nœuds ne doivent surtout pas être dépassés. La sortie de 20° de volets provoque un puissant couple cabreur combattu en poussant fort sur le manche avant de régler le compensateur. Lors du dernier virage pour s'aligner face à la piste, le "Broussard" entre dans la phase de vol où il peut se montrer très dangereux car, à basse vitesse, sa commande de direction offre considérablement plus d'inertie que les autres. Pour commencer ce virage à faible inclinaison (20°) et à vitesse réduite, donc, je coordonne l'inclinaison du manche et la pression sur le palonnier du même côté. Le "Broussard" s'incline, mais change à peine de direction : il glisse ; la bille qui indique si le vol est symétrique, glisse dans tube vers l'intérieur du virage. Tout ceci incite à pousser plus fort sur le palonnier pour rétablir la symétrie du vol. C'est précisément ce qu'il ne faut pas faire, car, si l'on attend sans toucher à rien, on verra la bille regagner tranquillement le milieu de son tube en 2 ou 3 secondes. Comme quoi ce n'est pas la pression sur le palonnier qui est insuffisante mais l'inertie de l'avion en lacet qui est trop forte. En fait le réflexe d'appuyer plus fort sur la pédale de palonnier conduit, après un bref temps mort, à mettre l'avion brutalement en dérapage de l'autre côté du virage, ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques.

En longue finale, les volets de capot sont fermés pour éviter que les culasses ne refroidissent trop vite ; le compensateur de profondeur est réglé généreusement à cabrer, l'hélice est passée au plein petit pas, les volets sont sortis à 40°. Toujours à 75 nœuds, l'avion s'enfonce si vite qu'il faut arriver assez haut pour ne pas se poser trop court. C'est plutôt déroutant lorsque l'on se pose pour la première fois avec un "Broussard". Il est important de bien connaître cet avion pour ne pas être surpris par l'arrondi qui est la partie la plus sportive du vol. Pour casser la trajectoire de descente et amener l'avion parallèle au sol, il faut tirer sur le manche progressivement. Or, le "Broussard" est si centré avant (trop lourd du nez) qu'avec 100 l d'essence seulement dans les réservoirs, lorsque l'on est seul à bord, l'effort de traction sur le manche à deux mains est exténuant! Si l'on est deux à bord d'un avion vide, le deuxième devra se déplacer vers le fond de la cabine pour alourdir la queue et faciliter l'arrondi. Lorsque la cabine est occupée par du fret ou des passagers, l'arrondi est plus facile, bien que l'effort soit anormalement élevé.

Lorsque le manche est ainsi tenu à deux mains, il peut être dangereux de le lâcher d'une main pour attraper la manette de gaz, par exemple ; le risque est grand de laisser le manche s'échapper plus ou moins vers l'avant, de laisser l'avion descendre encore plus vite, toucher le sol avec le nez trop bas, rebondir et retomber éventuellement sur le dos. Quoi que fasse le "Broussard" après avoir touché le sol -il est rare qu'il ne rebondisse pas- il ne faut surtout pas rendre la main. Il faut tenir le manche tiré à fond sinon l'avion rebondit encore plus haut, passe sur le nez, voire sur le dos. Ce genre d'accident était très fréquent.

Dès que possible, pour plaquer l'avion au sol, les volets peuvent être rentrés. Malheureusement, pour atteindre la commande des volets, il faut allonger un bras vers le tableau de bord... avec le risque de relâcher la pression sur le manche etc... Heureusement le "Broussard", sauf s'il rebondit un peu haut, reste bien sur sa trajectoire. Il suffit donc d'attendre la fin des rebonds, le manche tenu en butée arrière, avant de freiner, toujours en douceur, pour ne pas se mettre en pylône.... Un petit truc pour éviter les rebonds : ne pas réduire les gaz à fond à l'arrondi mais garder un petit "ième" de gaz sous la main -comme on le sent- afin de tout réduire avant le toucher. Il est important que le compensateur de profondeur soit bien réglé sur cabré afin de pouvoir prendre le risque de lâcher un court instant ce manche si affreusement lourd.


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